Retrait de la sécurité rapprochée de Boni Yayi : Valentin Djènontin expose les faits et…

Retrait de la sécurité rapprochée de Boni Yayi : Valentin Djènontin expose les faits et…

Analyse du retrait de la sécurité rapprochée de l’ancien président thomas Boni Yayi à la lumière de la loi n° 2009-18 du 15 juillet 2009 portant pension et autres avantages aux anciens présidents de la république du benin.

Introduction

Depuis le 23 décembre 2025, sur simple appel du responsable de la sécurité de l’ancien président Boni YAYI, les responsables de la garde républicaine ont demandé aux gardes du corps de rejoindre leur base pour un contrôle, alors que le président YAYI séjournait au Nord du Bénin.

Jusqu’à ce jour, ils ne sont pas retournés aux côtés de l’ancien président.

Je voudrais plutôt à travers cette tribune, faire une analyse du retrait de la garde rapprochée à la lumière de la loi N° 2009-18 du 15 juillet 2009.

Le retrait de la sécurité rapprochée du Président Thomas Boni YAYI constitue un acte d’une gravité inédite dans l’histoire institutionnelle béninoise récente. Cette décision n’est pas seulement un affront à l’ancien Chef de l’État : elle est une violation manifeste de la loi, une remise en cause de la dignité de la fonction présidentielle, et une menace directe à la stabilité institutionnelle et à l’État de droit.

I. Cadre légal : la loi n°2009-18 du 15 juillet 2009

La loi n°2009-18 fixe de manière impérative les droits des anciens Présidents, notamment :

1. Une pension viagère ;

2. Des avantages matériels et protocolaires ;

3. Une protection sécuritaire rapprochée assurée par l’État.

Ces dispositions ne sont pas discrétionnaires. Elles constituent des droits statutaires irrévocables, protégés par la loi et la Constitution. Tout retrait sans base législative constitue une violation du principe de légalité et de la sécurité juridique.

La sécurité rapprochée est bien plus qu’un avantage personnel : elle est une obligation de l’État, un marqueur de continuité institutionnelle, et un instrument de préservation de la paix et de la stabilité politique.

II. Analyse critique

1. Arbitraire manifeste et violation de la loi

Le retrait de la sécurité rapprochée :

• ignore explicitement les dispositions de la loi n°2009-18, qui ne prévoit aucune suspension discrétionnaire ;

• constitue un acte purement politique et arbitraire, en dehors de toute légalité ;

• transforme le droit en variable d’opportunité politique, érodant la séparation des pouvoirs et la neutralité de l’État.

2. Atteinte à la sécurité juridique et à l’État de droit

Une telle mesure :

• détruit la prévisibilité du droit et ouvre la voie à des dérives autoritaires ;

• établit un précédent dangereux où tout ancien Président pourrait être privé de ses droits statutaires selon l’humeur politique du moment ;

• sape la confiance des citoyens et des partenaires internationaux dans les institutions béninoises.

3. Déstabilisation de la fonction présidentielle et de la continuité de l’État

Privé de protection :

• l’ancien Président est exposé à un risque réel pour sa sécurité physique surtout lorsque l’on considère qu’il séjourne actuellement dans le septentrion où sévissent des attaques djihadistes, sans oublier que depuis le vendredi 26 décembre 2025, le pays vit une période sensible, celle des campagnes électorales comptant pour les élections législatives et communales du 11 janvier 2026 ;

• la République elle-même est symboliquement fragilisée, car le respect des anciens chefs d’État est un marqueur essentiel de la dignité institutionnelle ;

• l’acte constitue un message politique de violence institutionnelle, contraire aux standards démocratiques régionaux et internationaux.

III. Dimension politique et institutionnelle

Cette décision dépasse le simple champ administratif : elle est un instrument de pression politique, visant à neutraliser et intimider un ancien Président.

• Elle transforme la législation en outil de punition politique, compromettant gravement l’image de l’État ;

• Elle menace l’équilibre démocratique, en faisant des droits statutaires des anciens chefs de l’État un enjeu de politique partisane ;

• Elle fragilise la crédibilité et la stabilité des institutions, créant un précédent où la loi est subordonnée à la volonté de l’exécutif.

IV. Recommandations

• Rétablissement immédiat de la sécurité rapprochée, conformément aux dispositions légales ;

• Toute réforme éventuelle doit être strictement parlementaire et constitutionnelle, jamais arbitraire ;

• Préserver la neutralité institutionnelle et la dignité des fonctions, afin d’éviter la politisation des droits statutaires des anciens Présidents, clé de la stabilité politique et institutionnelle.

Conclusion

Le retrait de la sécurité rapprochée de l’ancien Président Thomas Boni YAYI :

1. est illégal, en violation directe de la loi n°2009-18 ;

2. est arbitraire et politiquement motivé, portant atteinte à l’État de droit ;

3. constitue une atteinte grave à la continuité et à la dignité de l’État, avec des implications politiques et institutionnelles majeures ;

4. représente un danger pour la stabilité démocratique et pour la confiance des citoyens dans leurs institutions.

Samedi 27 décembre 2025

Valentin DJENONTIN-AGOSSOU, ancien ministre de la justice.

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