Valentin Djènontin : « Du jour au lendemain, tout a basculé dans ma vie »
Dans l’épreuve, j’ai découvert que tomber n’est pas mourir, et que l’injustice, aussi violente soit-elle, ne peut tuer une âme enracinée dans la foi et l’espérance. La douleur peut devenir une école, et l’adversité, un lieu de révélation.
Du jour au lendemain, tout a basculé dans ma vie. Arrivé en vacances à Paris le 26 septembre 2018, avec un billet d’avion retour au Bénin le 12 octobre 2018, je suis en train de boucler bientôt huit années non planifiées laissant au pays, famille, maisons, véhicules, terrains, mobiliers etc….
Propriétaire de maison, je suis devenu locataire d’un vieil appartement, après avoir partagé durant des semaines une cabine d’étudiant avec mon fils.
Homme de renommée, je suis tombé dans l’anonymat. Sans véhicule, je suis désormais abonné aux transports en commun.
Les persécutions politiques et l’exil m’ont assez enseigné sur ma résilience propre, ainsi que celle de ma femme, de mes enfants et parents.
J’ai appris à mieux connaître le courage et la capacité créatrice de mon épouse qui a dû faire face aux importants événements familiaux (mariage de nos enfants, enterrement de parents, services à Elie en prison) en mon absence.
J’ai davantage découvert les vertus ancrées dans la vie de mes charmants enfants : foi, espérance, humilité, intégrité, endurance, patience, travail. Ils constituent ma fierté.
Mon pays m’a révélé la laideur, la cruauté, l’animosité, l’ingratitude, l’opportunisme de la plupart des concitoyens et élites béninoises.
J’ai réalisé l’éloignement de ceux que je considérais comme amis et proches, même au sein de la communauté chrétienne.
Des amis qui remplissaient ma maison, passent incognito devant celle-ci, sans le moindre souci de saluer ma famille.
Elie a passé sept (7) mois à la prison civile de Ouidah sans recevoir la visite de mes grands amis, de mes camarades et responsables politiques, pourtant, il défendait la cause du parti et de la Nation.
Certains amis présents sur le sol béninois m’écrivent pour prendre les nouvelles de ma famille laissée au pays. Pathétique !
Les rares qui me téléphonent avec la peur au ventre me demandent s’ils ne sont pas écoutés ou suivis !
J’ai appris à découvrir la qualité des parents, amis, camarades, frères/sœurs en Christ et pasteurs qui m’entouraient.
Heureusement, l’ami fidèle, Jésus-Christ est demeuré invariablement à mes côtés. Alléluia !
Beaucoup de certitudes ont cédé place à des doutes dans mon esprit : « L’ami aime en tout temps, et dans le malheur il se montre un frère. » Proverbes 17 : 17.
J’ai vécu dans le réel la parole de Dieu : « La richesse procure un grand nombre d’amis, mais le pauvre est séparé de son ami. » Proverbes 19 : 4.

