Dernier discours sur l’État de la Nation : Patrice Talon défend les réformes politiques sous sa gouvernance
Pour son dernier discours sur l’état de la Nation après bientôt dix années à la tête du Bénin, le président Patrice Talon a longuement insisté sur l’importance et la portée des réformes engagées sous son magistère, en particulier celles touchant au champ politique. Devant les députés, le chef de l’État a assumé, une fois encore, le caractère parfois conflictuel de ces transformations, tout en réaffirmant sa conviction profonde : ces réformes étaient indispensables pour asseoir durablement le développement du pays.
Revenant sur l’ensemble de l’action gouvernementale menée depuis 2016, Patrice Talon a estimé que « des réformes pertinentes jadis inespérées ont été opérées dans tous les domaines ». Selon lui, ces changements, rendus possibles par le courage politique, ont progressivement été appropriés par les citoyens et constituent aujourd’hui « le fer de lance » des progrès enregistrés par le Bénin.
La réforme politique au cœur du débat
C’est toutefois sur le terrain politique que le président a tenu à apporter des clarifications majeures. Il a reconnu que, dans l’élan de la Conférence nationale de 1990, beaucoup avaient cru que la seule proclamation de l’État de droit, de la démocratie et de l’économie libérale suffirait à garantir une gouvernance vertueuse et un développement automatique. « Hélas », a-t-il constaté, cette vision s’est heurtée à la réalité des pratiques politiques.
Pour Patrice Talon, la réforme du système partisan et du modèle politique s’est imposée comme une nécessité, même si sa mise en œuvre s’est révélée complexe et source de tensions persistantes. Il a reconnu l’existence de divergences sur l’ampleur des transformations à conduire, mais a tenu une position ferme : « Un effort qui s’avère nécessaire mais qui est à moitié consenti est vain ». D’où, selon lui, la légitimité d’aller « au bout de la réforme » afin d’adapter le modèle politique béninois aux réalités nationales.
Le président s’est montré convaincu que les différentes réformes politiques engagées depuis 2018, 2019, 2024, jusqu’à la récente révision constitutionnelle intervenue un mois plus tôt, permettront de « mettre la démocratie au service du développement des concitoyens et non au service exclusif des acteurs politiques ».
Une nouvelle conception de la démocratie
Dans sa vision, diriger le Bénin ne saurait plus être considéré comme un droit acquis, mais comme un devoir exigeant « disponibilité, vision, compétence et application ». Patrice Talon a défendu une conception de la démocratie désormais orientée vers la production de résultats concrets en matière de bien-être citoyen. « Elle n’est plus un prétexte de pagaille, de corruption et d’impunité », a-t-il martelé.
Le chef de l’État a également dénoncé une certaine culture politique du passé, fondée sur le populisme et la mobilisation émotionnelle des foules sans véritable projet de société. « Il ne suffit plus d’être un arrangeur de foule ou un vendeur d’illusions pour s’emparer de notre destin commun », a-t-il affirmé, estimant que l’engagement politique doit désormais être fondé sur le mérite, la capacité et le sens du sacrifice.
Un modèle en mutation assumée
Pour Patrice Talon, les résistances, incompréhensions et erreurs observées au cours de cette décennie sont inhérentes à toute transformation sociétale d’envergure. Loin d’y voir un échec, il y décèle la preuve que le pays est engagé sur la bonne voie. « Aucune œuvre humaine n’étant parfaite », le président a assuré que le modèle béninois continuera d’être corrigé et ajusté au fil du temps.
Il a appelé chaque génération à apporter sa contribution à la construction nationale, afin d’empêcher les « nostalgiques rétrogrades » de freiner la dynamique en cours. Un message qui résume la philosophie de gouvernance défendue par Patrice Talon jusqu’à la fin de son mandat : réformer pour durer, quitte à bousculer.

