Bénin : Intégralité du discours de Talon sur l’état de la Nation
« Ce n’est pas sans émotion que je me tiens devant vous ce matin pour mon dernier message ». Pour la dixième et ultime fois, le président de la République a présenté devant l’Assemblée nationale l’état de la Nation, ce mardi 23 décembre. Soixante-cinq ans après l’accession du Bénin à la souveraineté internationale, il a affirmé que « les fondamentaux constitutifs de la nation sont bien préservés, voire renforcés », estimant que le pays « a entamé sa mutation » et que « les signes de notre progrès sont visibles par tous ». Saluant un « nouvel état d’esprit » et rendant hommage aux forces de défense pour leur loyauté face aux événements du 7 décembre 2025, le chef de l’État s’est dit convaincu que le Bénin « a véritablement et définitivement trouvé son chemin pour se développer », tout en appelant à la continuité, à l’humilité et à la confiance dans l’avenir.
Message du Président Patrice Talon :
« Je peux vous dire que ce n’est pas sans émotion que je vous tiens devant vous ce matin pour mon dernier message.
Pour une dixième et dernière fois, j’ai l’honneur de vous présenter en votre qualité de représentant légitime du peuple béninois et délégataire de sa souveraineté en matière législative pour l’appréciation de l’état de notre nation. 65 ans après notre accession à la souveraineté internationale, la nation béninoise, issue du regroupement des royaumes qui constituait jadis notre actuel territoire, s’est solidement constituée et son humilité s’est renforcée.
La communauté nationale vit en bonne harmonie et aucune tension ethnique, religieuse ou sociale ne s’observe au point de constituer un risque pour la paix et la cohésion interne. L’intégrité du territoire national est préservée en dépit des agressions de sécurité extérieures qui éprouvent nos forces de défense et de sécurité dans certaines localités frontalières. Mesdames et Messieurs les députés, je confirme ainsi que les fondamentaux constitutifs de la nation dont nous avons hérité sont bien préservés, voire renforcés.
Pour le reste, qui relève de notre mission de construction au quotidien, en vue de l’amélioration constante des conditions de vie de nos concitoyens, l’état des lieux est aujourd’hui rassurant et prometteur, même si l’héritage n’était point confortable à l’entame de la décennie qui s’achève. Mon souhait ce matin n’est pas de dresser, sur les dix dernières années qui s’achèvent, le bilan de notre action commune dans les différents domaines qui conditionnent notre développement économique et notre ordinaire. Ce qui est important désormais pour nous, 65 ans après la prise en main de notre ordre destin commun, c’est, dans mon sens, la réponse aux questions fondamentales ci-après.
Le Bénin a-t-il enfin trouvé la voie pour son développement ? A-t-il entamé son progrès de sorte à devenir lui aussi un pays développé, susceptible de se passer de l’aide au développement apporté par d’autres, et parfois avec mépris ? Est-il un pays où l’éducation nationale, la formation technique et professionnelle, la route, l’eau, l’électricité, l’emploi, la santé, le cadre de vie durable, la santé et l’eau, la sécurité et la paix progressent chaque jour ? Est-il un pays qui ne fait plus honte à ses enfants, mais leur apporte plutôt fierté et espoir ? Un pays que d’autres admirent et envient. Autrement dit, le Bénin est-il aujourd’hui un pays où tout s’améliore jour après jour, où l’espoir est désormais permis, de sorte que ce qui n’est pas encore acquis ne paraisse plus inaccessible ?
Honorable député, représentant du peuple béninois tout entier, la réponse à cette question fondamentale est oui. En effet, depuis bientôt dix ans, le Bénin a entamé sa mutation et les signes de notre progrès sont visibles par tous.
Le miracle, c’est notre nouvel état d’esprit. Il nous fait opérer des changements les plus inespirés. Il nous fait progresser et chacun accepte désormais de consentir les sacrifices et les efforts nécessaires.
Il nous rend admirables et suscite la jalousie de certains. Ce nouvel état d’esprit est le résultat du courage dont a fait preuve l’ensemble des responsables politiques en charge de notre pays depuis bientôt dix ans. Par ce courage, des réformes pertinentes jadis inespérées ont été opérées dans tout le domaine et ont été peu à peu appropriées par chacun pour devenir le fer de lance de nos prouesses.
Dans le domaine politique en particulier, nous pensions, à la sortie de la Conférence nationale, que la proclamation de l’état de droit, de la démocratie et de l’économie libérale suffirait pour faire de chaque acteur politique un responsable vertueux et un dirigeant compétent de bonne foi. Nous pensions que les acquis de la Conférence nationale suffiraient pour induire la bonne gouvernance et produire le développement, quel que soit l’organisation et les règles, de la compétition politique. Et l’instant, bien que chacun ait constaté cette terrible réalité et souhaitait haut et fort la revue du système politique partisan, la définition et la mise en œuvre d’une réforme politique sérieuse n’ont pas été aisées et continuent de nous éprouver.
Aujourd’hui encore, ils persistent dans notre sein une certaine divergence sur les profondeurs qu’ils restent à atteindre en cette matière pour mettre le Bénin définitivement à l’abri de nos travers, nous les acteurs politiques. Honorable député, ma conviction est que un effort qui s’avère nécessaire, mais qui est à moitié consenti, est vain. C’est pour cela que nous avons raison d’aller au bout de la réforme de notre modèle politique pour l’adapter à nos réalités en vue d’asseoir durablement notre développement engagé.
Honorable député, j’ai la conviction que les différentes réformes que nous avons opérées depuis, qu’il s’agisse de celles intervenues en 2018, 2019, 2024, jusqu’à la toute dernière, datant d’un mois à peine, nous permettrons véritablement et définitivement de mettre la démocratie au service du développement de nos concitoyens, et non, au service exclusif des acteurs politiques. Ainsi, diriger la nation béninoise ne doit plus être perçu comme un droit, mais plutôt comme un devoir qui requiert de la disponibilité, de la vision, de la compétence et de l’application. C’est pourquoi, de plus en plus, la démocratie se définit essentiellement chez nous, aux Bénins, comme un facteur de développement et de promotion du bien-être citoyen.
Elle n’est plus un prétexte de bagailles, de corruption et d’impunité. Aux Bénins ! Aux Bénins, désormais, il ne suffit plus d’être un avengeur de foule, un vendeur d’illusions pour clamer acteurs politiques, pour s’emparer de notre destin commun, sans autre projet que celui d’enjouer tout seul avec ses partisans. Pour nous diriger aux Bénins, nous protéger, assurer notre développement et notre bien-être, il faut en être capable et le mériter politiquement.
Un acteur politique ne confère plus aucun droit. Il n’astreint qu’à des devoirs et à l’humilité, voire à l’effacement, et même au sacrifice de soi. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, Si tel est l’état des lieux en ce qui concerne notre modèle de démocratie des hommes Bénins, pourquoi devrions-nous arranger parce qu’il n’est pas la copie conforme de ce qui se fait ailleurs ? Pourquoi ? Mais est-ce que le Bénin est la copie conforme de notre pays dans le monde ? Mais non.
Nous sommes désormais une grande nation qui se construit jour après jour et notre modèle sociopolitique est en pleine mutation pour asseoir et renforcer notre dynamique de développement. Mais une telle transformation ne peut s’opérer sans difficulté de l’observer. Dans ces compréhensions, les résistances et même les erreurs qui nous éprouvent sont inhérentes à toute transformation sociétale significative.
Elles sont la preuve que nous sommes sur le bon chemin. Pour que ne devienne aucune œuvre humaine n’étant parfaite, nous corrigerons et ajusterons notre modèle au fil du temps. A cet effet, chaque génération devra apporter à la nation éternelle sa part d’innovation et de génie constructif ainsi que son courage pour empêcher coûte que coûte les nostalgiques rétrogrades et les marginaux d’arrêter le progrès.
C’est dans cela que je voudrais, M. le Président, M. le député, saluer et rendre hommage à l’ensemble des forces de défense et de sécurité de notre pays. Pour le bravoure, la loyauté à la République face à l’attaque perpétuée le dimanche 7 décembre 2025 contre la nation béninoise par des marginaux insensés, manipulées par quelques compatriotes en quête de privilèges perdus ainsi que certaines autorités politiques et militaires étrangères. Je salue la mémoire de ceux qui y ont perdu la vie et adresse à leurs familles poches au nom du peuple béninois tout entier nos sincères condoléances.
Aussi voudrais-je à mon nom personnel et au nom de la nation tout entière exprimer notre fierté et notre reconnaissance à l’égard de tous les corps d’armée, toutes les garnisons du territoire, tout le commandement militaire, la police républicaine et son commandement qui tous, sans aucune défection, se sont mobilisés spontanément et immédiatement pour défendre la patrie refusant de prêter mes forces aux assaillants et se mettant à la disposition de l’État. De même, j’exprime à l’égard de tous les dirigeants de toutes les institutions de la République notre fierté et notre reconnaissance pour leur attachement à l’ordre constitutionnel tel qu’ils l’ont exprimé dans les minutes qui ont suivi l’attaque. À l’endroit du peuple béninois dans sa grande majorité j’exprime notre fierté pour son refus de soutenir la force forfaiture et son attachement à la démocratie et à l’ordre constitutionnel.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, tout cela n’est-il pas l’illustration d’un état d’esprit nouveau caractéristique d’un Bénin qui grandit ? Les grandes nations ce ne sont pas seulement celles qui ne sont jamais éprouvées. Ce sont également celles qui sont capables de faire face aux épreuves avec efficacité. En cela, notre pays le Bénin a donc franchi un palier décisif dans son parcours, sa construction, ses valeurs et son développement.
Quant à ceux d’entre nous qui restent désespérément accrochés à notre passé révolu ou qui peinent à s’arrimer à la dynamique en cours, j’aimerais au ciel de leur accorder la clairvoyance, l’altruisme et l’humilité nécessaires à leur ralliement afin que leur frustration justifie ou non cesse de nous diviser. Car notre Bénin commun restera éternellement notre maison commune. Nos divergences ou insatisfactions dès le temps présent ne doivent en aucun cas compromettre l’intégrité de la nation et son ami-lieu.
Les élus mal-aimés d’aujourd’hui passeront et ceux de demain ne manqueront pas de corriger les erreurs commises et de remédier aux insuffisances. Que chaque citoyen béninois accepte donc de venir boucher de ses doigts les trous de l’argent à trouver afin que la bombe de richesse pour nos enfants et petits-enfants soit bien le symbole de ces lieux.
Monsieur le Président. Mesdames et Messieurs les députés, pour ce qui restera en ce qui concerne ma dernière apparition ici, à cette tribune, permettez-moi de vous exprimer à vous, parlementaires de la Nouvelle Législature, à vos prédécesseurs des Huitièmes et Septièmes Législatures, ma profonde gratitude pour votre disponibilité permanente, votre amabilité, votre bienveillance, votre collaboration républicaine correctrice et connue efficace qui m’ont permis d’accomplir durant ces deux mandats sur mes compétences en charge à l’homme-mission que m’a chargé le peuple béninois dont m’a chargé, pardon, le peuple béninois depuis donc bientôt dix ans.
Vous prenez encore une fois à témoin que je voudrais exprimer à toutes les Béninoises et à tous les Béninois de l’intérieur et de l’extérieur, de tous les âges et de toutes conditions, ma reconnaissance infinie pour l’honneur et la confiance qu’ils m’ont fait en me confiant durant deux mandats successifs le destin, la direction de notre haut et grand pays. Je voudrais dire que j’ai pris et gardé tout le long des deux mandats la mesure de leur attente que j’ai tenu le meilleur de moi-même jour et nuit avec bonne foi et abnégation pour être à la hauteur de leur confiance. Je voudrais dire aussi que j’ai le regret de ne pas avoir tout réussi mais je veux et t’avance surtout davantage leur dire alors que la fin de ma mission est proche que j’ai la certitude qu’ensemble nous avons accompli de grandes choses dont certaines nous paraissaient même impossibles.
Je veux enfin leur dire que surtout notre état d’esprit a considérablement changé que désormais plus rien ne nous est impossible que le Bénin a véritablement et définitivement trouvé son chemin pour se développer enfin et offrir peu à peu à chacun le bien-être légitimement attendu et qui est de plus en plus inspiré mais qui est désormais à notre portée le développement le bien-être attendu depuis tant de temps par tous.
Monsieur le Président Madame Messieurs les députés ce bien-être il est désormais à notre portée et nous cheminons chaque jour ensemble pour le conquérir Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, les députés, bientôt de nouveaux conseils communaux prendront le relais dans nos communes une nouvelle législature succédera à la présente, un nouveau Président de la République prendra le règne du Bénin tous ces changements qui s’annoncent matérialisent la dynamique de la vie elles sont le symbole du renouvellement inéluctable gage d’espérance et de progrès les élections générales qui à cet effet se préparent seront paisibles et sereines parce que chacun quel que soit son appréciation et son appartenance pourra compris que le seul véritable enjeu c’est le Bénin.
Madame les Messieurs les députés représentants de la nation toute entière par vous, à travers vous vous prenez encore témoin je voudrais dire à tous aux Béninois et Béninois de l’intérieur et de l’extérieur que nous n’avons aucune raison de craindre l’avenir je veux leur dire que nous avons trouvé notre chemin je veux le répéter je veux leur demander de faire confiance au Bénin de faire confiance aux générations successives désormais actives pour notre bien commun pour notre développement je veux leur dire n’ayons aucune crainte l’âme du Bénin veillera pour nous et le meilleur est à venir.
Telles sont ma prière et mes vœux pour l’année 2026 qui s’annonce pleine d’allégresse et de réussite pour le Bénin. Quelle puisse apporter à chacun et à chacune la bonne santé la prospérité la patience le patriotisme l’amour de soi et de l’autre ainsi que la joie de vivre Mesdames et Messieurs vous avez compris que l’émotion m’a étreint mais la grandeur de l’âme le devoir l’amour requiert qu’il faut savoir se quitter savoir se dire au revoir pour laisser la place à d’autres je voudrais vous souhaiter à vous à tout le monde que bientôt ceux qui viendront ici ou celui qui viendra ici à ma place vous entretenez ce cadre de la Nation vous donnez le sentiment que la chose s’améliore que le bénin continue son chemin et que le meilleur va se goûter de plus en plus par les uns les autres je voudrais que dans la rue de Cotonou ou chez moi ou dans un café ou dans un bar ou chez des amis en regardant le prochain faire son discours sur l’état de la Nation je voudrais constater que dans tel ou tel domaine les choses ont avancé sont allées encore beaucoup plus loin que ce que nous avons fait ensemble je voudrais que l’âme du bénin y veille j’ai confiance et je vous invite à avoir autant confiance à notre destin commun à notre capacité de développement d’amélioration d’effort et je prie le Ciel pour nous exaucer. Merci. »

