Tentative de coup d’État/ Patrice Talon : « Nous avons eu Tigri au téléphone… »
Face à la presse béninoise ce mercredi 18 décembre 2025, le président Patrice Talon est longuement revenu sur la mutinerie survenue le 7 décembre dernier au camp militaire de Togbin. Dans un entretien à la tonalité ferme, le chef de l’État a tenu à dissiper toute confusion autour de l’implication de l’armée régulière, tout en pointant la responsabilité d’un groupe restreint de mutins qu’il qualifie d’« égarés » et de « voyous ».
Selon Patrice Talon, l’attaque ayant visé les institutions n’est nullement le fait de la Garde nationale en tant que corps constitué. « Ce n’est pas la Garde nationale qui a opéré l’attaque… ce n’est ni le commandement, ni le sous-commandement », a-t-il affirmé, insistant sur le caractère isolé de l’action. À l’en croire, les auteurs étaient « quelques égarés, manipulés par des nostalgiques et des jaloux », agissant en marge de toute hiérarchie militaire.
Le président a également tenu à dédouaner une grande partie des soldats présents au camp de Togbin au moment des faits. « Tous les retranchés dans le camp de Togbin ne sont pas associés aux mutins », a-t-il précisé, évoquant la présence de nombreux jeunes soldats en formation qui auraient été entraînés malgré eux dans cette situation de crise. Certains, a-t-il ajouté, auraient rapidement cherché à se soustraire aux événements.
Une opération menée par un groupe restreint
Dans son récit, Patrice Talon souligne que les véritables instigateurs de la mutinerie étaient en nombre très limité. « Les vrais auteurs de l’attaque étaient au plus au nombre de 15 ou 20 », a-t-il déclaré, réfutant toute thèse d’un soulèvement généralisé au sein des forces armées. Cette précision vise, selon lui, à éviter les amalgames et à préserver la cohésion de l’institution militaire.
Le chef de l’État a par ailleurs décrit les scènes ayant suivi le premier assaut. « Certains soldats se sont habillés en civil et ont pris la fuite à moto… d’autres ont escaladé le mur », a-t-il relaté. Face à cette dispersion, les forces loyalistes auraient volontairement évité une traque immédiate. « Nous n’avons pas lancé une course-poursuite afin d’éviter des morts, car ils étaient armés », a-t-il expliqué, mettant en avant le souci de limiter les pertes humaines.
Pour étayer ses propos, Patrice Talon affirme que plusieurs mutins ont abandonné leurs armes dans les bas-fonds de Togbin, preuve, selon lui, d’une fuite précipitée et désorganisée.
Allégeance de l’armée et rôle de la Garde républicaine
Autre point central de l’intervention présidentielle : la réaction de l’ensemble des unités militaires. « Toutes les unités de l’armée ont fait allégeance à la Garde républicaine et ont demandé l’attitude à tenir », a assuré le président, soulignant la loyauté des forces armées à l’égard des institutions républicaines. Pour lui, cette réaction rapide a permis de circonscrire la crise et d’éviter une escalade.
Patrice Talon est également revenu sur des échanges téléphoniques intervenus au plus fort des tensions. « Pour ne rien vous cacher, à un moment, nous avons eu Tigri au téléphone. Nous lui avons dit : “c’est de la folie ce que tu fais” », a-t-il confié. Selon le chef de l’État, l’intéressé aurait alors demandé « de ne pas les bombarder », laissant entendre la crainte d’une riposte militaire d’envergure.
Il affirme par ailleurs que certains mutins ont tenté de se fondre dans la population. « Certains se sont mis en civil, à moto pour s’enfuir. Tigri est parti du camp de Togbin en civil, en voiture », a-t-il indiqué.
Condamnation politique et morale
Sur le plan politique, Patrice Talon n’a pas mâché ses mots. Il qualifie la mutinerie d’acte criminel mené par « des voyous, de petits terroristes », encouragés, selon lui, par « quelques acteurs politiques marginaux » et des soutiens extérieurs, sans toutefois citer de noms. Il évoque également des individus « encouragés et manipulés par des nostalgiques et des jaloux ».
Enfin, le président a tenu à rappeler une ligne rouge morale. « Se réjouir d’un crime est condamnable. On ne peut pas applaudir publiquement un crime, ni se réjouir publiquement d’un crime », a-t-il martelé, dénonçant toute tentative de récupération ou de banalisation des événements.
À travers cette prise de parole, Patrice Talon cherche à rassurer l’opinion publique sur la solidité de l’État béninois et la fidélité de son armée, tout en affirmant la détermination des autorités à faire toute la lumière sur cette tentative de déstabilisation.

