La France doit «accepter de perdre ses enfants»: les propos du chef d’état-major des armées font polémique
La France doit «accepter de perdre ses enfants»: les propos du chef d’état-major des armées font polémique
Polémique en France après les propos du chef d’état-major sur le risque de guerre
Une tempête politique secoue la France après une déclaration du chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, devant le Congrès des maires, mardi 18 novembre. Évoquant la montée des tensions internationales, notamment avec la Russie, le plus haut gradé militaire français a estimé que le pays devait « accepter de perdre ses enfants » pour défendre la Nation. Une phrase qui a immédiatement déclenché une vague d’indignation et de critiques dans toute la classe politique.
Un message jugé brutal mais inscrit dans un discours sur la résilience nationale
S’exprimant devant les élus locaux, le général Mandon a appelé les Français à « trouver la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est », en ajoutant que cela pouvait aller jusqu’à « accepter de perdre ses enfants ». Un propos prononcé dans un contexte de réflexion stratégique sur la capacité de la France à faire face à une éventuelle confrontation directe avec la Russie.
La ministre des Armées, Christine Vautrin, a immédiatement défendu le chef d’état-major. Dans un message publié sur X, elle affirme qu’il est « pleinement légitime à s’exprimer sur les menaces » qui pèsent sur le pays. Elle a dénoncé des « propos sortis de leur contexte à des fins politiciennes », rappelant que le langage militaire inclut la conscience quotidienne du risque encouru par les soldats.
Une condamnation quasi unanime dans l’opposition
À gauche, les réactions ont été vives. Le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, estime que le général a outrepassé son rôle et ne peut tenir de tels propos. Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a dénoncé un discours « va-t-en-guerre insupportable », rappelant les « 51 000 monuments aux morts » présents dans les communes du pays.
À droite, les critiques se sont également multipliées. Le maire de Nice, Christian Estrosi, proche d’Édouard Philippe, s’interroge : « Est-ce le rôle d’un chef d’état-major d’inquiéter le pays de cette manière ? »
Plus mesuré, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a estimé que le général Mandon cherchait davantage à alerter et à justifier l’effort budgétaire en matière de défense : « Il a cherché à secouer un peu l’opinion publique », tout en reconnaissant une « part de provocation ».
La question du mandat et la crainte d’un message politique
Au Rassemblement national, le député Sébastien Chenu s’interroge sur l’origine du discours : « S’il dit ce qu’Emmanuel Macron pense, c’est très grave. S’il dit quelque chose que le président ne pense pas, c’est très grave aussi. » Une manière de mettre en doute la transparence entre le chef des armées et l’exécutif.
Du côté de la majorité présidentielle, la tonalité est tout autre. Pour Pieyre-Alexandre Anglade, président de la commission des Affaires européennes, les propos reflètent simplement « la réalité de la menace » et la nécessité pour la France d’être « prête à un choc possible avec la Russie ».
Un avertissement stratégique récurrent
Cette prise de parole du général Mandon n’est pas isolée. En octobre, il déclarait déjà devant les députés que l’armée française devait se tenir « prête à un choc dans trois ou quatre ans », estimant que la Russie pourrait « être tentée de poursuivre la guerre sur notre continent ».
La polémique actuelle met en lumière un débat sensible : comment préparer la population à la possibilité d’un conflit sans provoquer la peur ni sembler promouvoir la guerre ?
Pour l’heure, le général Mandon n’a pas réagi aux critiques, mais la pression politique ne faiblit pas autour d’une phrase qui pourrait durablement marquer le débat national sur la défense.

