ONU : le Conseil de sécurité approuve le déploiement d’une force internationale à Gaza

ONU : le Conseil de sécurité approuve le déploiement d’une force internationale à Gaza

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, lundi 17 novembre, une résolution majeure ouvrant la voie au déploiement d’une force internationale de stabilisation à Gaza, élément central du plan de paix proposé par le président américain Donald Trump. Une décision qualifiée d’« historique » par Washington, accueillie avec prudence par l’Autorité palestinienne mais vivement dénoncée par le Hamas.

Une résolution adoptée malgré les réticences

Treize membres du Conseil ont voté en faveur du texte, tandis que la Russie et la Chine se sont abstenues, évitant ainsi un veto qui aurait enterré la proposition. L’ambassadeur américain Mike Waltz a salué un vote « historique et constructif » qui, selon lui, ouvre la voie à une stabilisation durable après deux années d’un conflit meurtrier déclenché par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Le texte adopté, plusieurs fois amendé durant des négociations ardues, endosse officiellement le plan Trump, lequel a permis le cessez-le-feu fragile instauré le 10 octobre entre Israël et le Hamas.

La résolution autorise la mise en place d’une Force internationale de stabilisation (ISF). Cette force aura notamment pour missions :

la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l’Égypte ;

la démilitarisation de Gaza ;

le désarmement des groupes armés non étatiques ;

la protection des civils ;

la formation d’une police palestinienne.

La composition de cette force n’est pas précisée dans le texte, un flou qui nourrit déjà de nombreuses interrogations.

Un « Comité de la paix » jusqu’en 2027

La résolution prévoit également la création d’un Comité de la paix, chargé d’administrer Gaza durant une période transitoire allant jusqu’au 31 décembre 2027. Ce comité, selon le plan en 20 points annexé au document, serait présidé par Donald Trump lui-même.

Washington y voit une garantie de mise en œuvre rapide et coordonnée du processus. Mais les observateurs, eux, s’interrogent sur l’équilibre des pouvoirs, la légitimité démocratique de l’instance et son articulation avec l’Autorité palestinienne.

Réactions contrastées : soutien de Ramallah, rejet catégorique du Hamas

L’Autorité palestinienne a soutenu la résolution, y voyant un premier pas vers la reconstruction de Gaza et la relance du processus politique.

Le Hamas, en revanche, l’a condamnée fermement, dénonçant un texte qui « ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains du peuple palestinien ». Le mouvement islamiste rejette en particulier l’idée d’une tutelle internationale sur Gaza et fustige la mission de l’ISF, qui inclut un désarmement total des factions palestiniennes.

L’ombre de la question étatique palestinienne

Dans une évolution notable par rapport aux premières versions, la résolution évoque désormais la possibilité d’un futur État palestinien. Le texte estime que, lorsque la réforme de l’Autorité palestinienne et la reconstruction de Gaza auront suffisamment avancé, « les conditions pourraient finalement être réunies pour un chemin crédible vers l’autodétermination et un statut d’État ».

Une perspective immédiatement rejetée par Israël.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahu a réaffirmé dimanche : « Notre opposition à un État palestinien, sur quelque territoire que ce soit, n’a pas changé. »
Son ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben-Gvir, est allé jusqu’à appeler à l’arrestation du président Mahmoud Abbas et à l’assassinat de cadres palestiniens si l’ONU reconnaissait un tel État.

Une mise en œuvre délicate

Malgré l’enthousiasme affiché par Washington, de nombreux spécialistes soulignent les difficultés pratiques du plan. Pour le politologue franco-libanais Karim-Emile Bitar, il s’agit d’un accord « loin d’être réaliste » :
« Il y a fort à craindre que nous n’ayons pas encore vu la fin de l’effroyable tragédie que connaît Gaza. »

La France, qui a voté pour, estime que la résolution « répond aux besoins les plus urgents des populations » et constitue un soutien indispensable aux efforts de paix.

Reste à savoir si les mécanismes prévus – force internationale, comité transitoire, réforme de l’Autorité palestinienne – pourront être mis en œuvre dans un territoire meurtri, fragmenté politiquement et encore sous la menace constante d’une reprise des hostilités.

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