Éric Houndété à Boni Yayi et aux militants: « Notre parti ne mérite pas ça »

Éric Houndété à Boni Yayi et aux militants du parti Les Démocrates
L’ambiance était électrique lors de la dernière rencontre du parti Les Démocrates (LD). Face aux militants et à leur président d’honneur, Thomas Boni Yayi, le vice-président du parti, Éric Houndété, a livré un discours sans détour, marqué par un appel à la responsabilité collective et à la cohésion. Dans une intervention aussi lucide que ferme, il a mis en garde contre les divisions internes et la peur paralysante qui, selon lui, risquent de fragiliser le parti dans un contexte politique décisif.
Un cri du cœur contre la peur et la division
« À quel moment est-ce que nous allons être des militants, des personnes engagées prêtes à faire le combat ? » a lancé Éric Houndété devant un auditoire visiblement attentif. Pour lui, la situation actuelle du parti ressemble à « une pente glissante », celle qui pourrait, dit-il, « dresser le tapis rouge à l’adversaire ».
Le ton est grave, mais le message est clair : le parti doit se ressaisir, renforcer sa cohésion et refuser toute instrumentalisation interne ou externe. « Prenons garde. Parce que chaque fois qu’il verra qu’il peut nous mettre en difficulté, naturellement, il peut conditionner. Non. Je le répète, Monsieur le président, notre parti ne mérite pas ça », a-t-il martelé, dans une adresse directe à Boni Yayi.
L’ancien président de l’Assemblée nationale a ainsi exprimé son inquiétude face à une dynamique qui, selon lui, met en péril la crédibilité et l’efficacité du parti d’opposition le plus influent du pays.
L’autoparrainage au cœur du débat
Éric Houndété n’a pas esquivé la question qui divise : celle de l’auto-parrainage. Sur ce point, il a adopté une position tranchée : « Premièrement, je voudrais me prononcer sur la question de l’auto-parrainage. Pourquoi devrions-nous nous faire si tant peur ? Pourquoi ? Il est matériellement, juridiquement, légalement impossible, je dis bien impossible, de nous empêcher d’avoir un duo comportant un ou deux députés. »
En évoquant le cadre juridique du parrainage politique, Houndété invite ses pairs à sortir de la logique de crainte pour défendre les droits et prérogatives du parti. Pour lui, l’heure n’est plus aux tergiversations : « C’est un devoir de vérité qui nous oblige à parler. Nous ne sommes pas tous des abrutis. Nous sommes des personnes capables de réfléchir. »
Son appel à la lucidité s’accompagne d’un plaidoyer pour une attitude courageuse et responsable. Il s’élève contre ce qu’il qualifie de « culture de la peur », symbole d’un manque de confiance en soi et en la démocratie. « On ne peut pas venir nous dire : “Si on fait, Talon va nous couper la tête. Si on fait, Talon va nous couper la tête.” C’est de la démocratie ! Ce n’est pas possible. Ce n’est pas normal. Une organisation politique ne peut pas se comporter comme ça. »
Un message de résistance politique
À travers cette sortie, Éric Houndété semble vouloir raviver la flamme militante du parti, à un moment où les échéances électorales approchent et où la question des parrainages cristallise les tensions. Il appelle à l’unité, au courage politique et à la fidélité aux principes démocratiques.
Son intervention, perçue par certains comme une mise en garde contre la dérive autoritaire et la frilosité politique, traduit la volonté d’un dirigeant qui refuse que son parti s’enlise dans l’hésitation ou la peur du pouvoir en place.
Entre lucidité et courage politique, Houndété réaffirme la vocation du parti Les Démocrates : celle d’incarner une opposition forte, responsable et cohérente. Un message qui, à coup sûr, continuera de faire écho au sein du parti, mais aussi dans l’ensemble de la classe politique béninoise.