Bénin-Côte d’Ivoire : Arrestation ou enlèvement de Comlan Hugues Sossoukpè ?

Dans une chronique intitulée « Arrestation ou enlèvement de Comlan Hugues Sossoukpè : la valise diplomatique et le colis encombrant » le chroniqueur politique, François Comlan s’est interrogé sur les conditions d’arrestation du journaliste béninois exilé depuis 7 ans au Togo, mais arrêté en Côte d’Ivoire et extradé au Bénin oui il est placé sous mandat de dépôt, alors qu’il était en Côte d’Ivoire sur invitation du gouvernement ivoirien.
Extrait de la chronique :
« …que le lecteur soit prévenu : ici, nous ne nous occupons pas du fond du dossier — nous laissons au juge instructeur le soin de déchiffrer les entrailles judiciaires. Ce qui nous intéresse, c’est la forme : l’enlèvement en terre étrangère, le silence assourdissant de la Criet, les contorsions kafkaïennes des communicants en panique, la fabrique de preuves artisanales au fond d’un garage administratif. Et surtout, surtout, le silence gêné d’une presse nationale aux abonnés absents.
Pourquoi ne l’a-t-on pas présenté à la justice ivoirienne ?
Dès le 8 juillet 2025, Comlan Hugues Sossoukpè pose le pied à Abidjan, sur invitation officielle du ministère ivoirien du numérique. Trois jours plus tard, des gendarmes locaux, sans mandat judiciaire apparent, le cueillent dans sa chambre d’hôtel comme on arrache un linge propre d’un fil tendu par les conventions internationales. Aucune présentation à un juge ivoirien, aucune notification d’un mandat international. Juste un enchaînement de silences, de portières claquées, et d’ordres murmurés.
Et pourtant, la procédure d’extradition est connue, balisée aussi bien dans le Code de procédure pénale du Bénin que dans celui de la Côte d’Ivoire. Elle prévoit la saisine de la justice du pays requis, le débat contradictoire, l’assistance d’un avocat, la garantie de protection du statut de réfugié. Rien, absolument rien de tout cela n’a été respecté. Alors, pourquoi, si mandat il y avait, n’a-t-il pas été exécuté le jour même de son arrivée à Abidjan ? Pourquoi ne l’a-t-on pas présenté à la justice ivoirienne ? La réponse est simple : le Bénin et la Côte d’Ivoire ont inventé leur propre Interpol parallèle — version tropicale, sans juge ni greffe.
Pour les thuriféraires du régime qui minimisent l’opération, il faut rappeler que la location d’un avion affrété pour un vol Abidjan-Cotonou coûte vingt millions de francs cfa. Pas un franc de moins. Les seuls affréteurs aériens opérant ce genre de transfert dans la sous-région sont le groupe Ebomaf de Mahamadou Bonkoungou, un groupe sud-africain, l’opérateur ivoirien Porteo d’Hassan Dakhlallah, et un courtier aérien marocain. La facture n’a pas été adressée au ministère de la vérité, mais bien réglée par les contribuables béninois, pour faire rapatrier un journaliste gênant — et non un terroriste encagoulé… »