Corruption au ministère de l’Intérieur et arrestation de Richard Ouorou : Les clarifications du procureur spécial de la Criet

La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) est de nouveau sur le front de la lutte contre la corruption. Dans une déclaration rendue publique, le procureur spécial Mario Mètonou a annoncé l’ouverture d’une enquête sur de graves soupçons de corruption impliquant des fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique.
Selon le communiqué officiel, l’affaire concerne le processus de reconnaissance officielle du parti politique dénommé « Le Libéral » (LLB), porté par Richard Boni Ouorou. Ce dernier aurait versé plusieurs millions de francs CFA à des agents publics pour accélérer l’obtention du récépissé du parti, un document crucial pour toute formation politique désireuse d’exister légalement au Bénin.
Des versements suspects révélés
Dans le cadre des investigations, le Directeur des Partis Politiques et des Affaires Électorales, ainsi qu’un cadre de la Direction des Affaires Intérieures et des Cultes, ont été interpellés. Richard Boni Ouorou a, lui, été arrêté dans la soirée du jeudi 15 mai.
Les premières auditions révèlent des divergences notables dans les montants évoqués. Le Directeur mis en cause reconnaît avoir reçu cinq millions de francs CFA du sieur Ouorou, une somme retrouvée lors d’une perquisition à son domicile. Il affirme cependant qu’un montant de douze millions de francs CFA lui avait initialement été proposé.
De son côté, Richard Boni Ouorou soutient avoir versé un total de sept millions de francs CFA en trois tranches : un million avant la tenue du congrès de son parti le 5 avril 2025, puis deux versements de trois millions les 26 et 28 avril. L’objet de ces paiements : obtenir la reconnaissance légale du parti.
Une infraction lourdement sanctionnée par la loi
Le procureur Mario Mètonou a rappelé que les faits dénoncés relèvent de la corruption d’agent public, une infraction grave prévue par les articles 335 et 336 du Code pénal béninois. La loi prévoit pour ce type de délit une peine de réclusion criminelle de cinq à dix ans, assortie d’amendes et de confiscations.
« Le législateur béninois punit aussi bien celui qui donne que celui qui accepte de tels avantages pour accomplir un acte relevant de ses fonctions », a précisé le procureur. Il a également mis en garde contre une idée reçue : les sollicitations répétées d’un agent public ne sauraient exonérer celui qui cède à ces pressions de sa responsabilité pénale.
La CRIET déterminée à aller jusqu’au bout
Mario Mètonou a assuré que les enquêtes se poursuivent afin d’identifier l’ensemble des responsabilités dans cette affaire. Il a par ailleurs renouvelé l’engagement de la CRIET à combattre sans relâche la corruption sous toutes ses formes.
« Nous encourageons tous nos concitoyens à dénoncer ces faits lorsqu’ils en sont témoins ou victimes », a-t-il lancé, invitant à une vigilance collective face à ce fléau qui mine les institutions et fragilise la démocratie.
Cette affaire intervient dans un contexte politique marqué par la réorganisation du paysage partisan et la montée en puissance de nouveaux acteurs politiques. Elle relance le débat sur la transparence dans la gestion des agréments politiques et sur la probité des agents de l’administration publique.