Transition politique au Togo : Jean-Lucien Savi de Tové élu président

À 85 ans, l’opposant historique Jean-Lucien Savi de Tové accède à la présidence de la République togolaise. Une élection symbolique, qui marque le début de la 5e République et un tournant institutionnel majeur pour le pays.
Le Togo entre dans une nouvelle ère politique avec l’élection de Jean-Lucien Savi de Tové à la présidence de la République. Cet opposant historique, âgé de 85 ans, a été désigné par un Congrès dominé par le parti au pouvoir, dans le cadre du passage du pays à un régime parlementaire.
Cette élection intervient dans un contexte de réforme constitutionnelle profonde : le Togo abandonne son régime présidentiel au profit d’un système parlementaire, marquant ainsi la naissance de la 5e République. Le rôle du président devient essentiellement honorifique, désormais limité à un mandat de quatre ans renouvelable une fois.
Jean-Lucien Savi de Tové n’est pas un inconnu sur la scène politique togolaise. Ancien secrétaire général du ministère des Affaires étrangères en 1967, il dirige ensuite la CFAO Motors Togo entre 1974 et 1979. Arrêté et incarcéré pendant dix ans pour tentative de coup d’État, il ressort de prison comme l’une des figures les plus marquantes de l’opposition togolaise. Avec l’instauration du multipartisme, il fonde le Parti des Démocrates pour l’Unité (PDU) et est brièvement désigné Premier ministre par l’opposition en 1993.
Son élection à la présidence est perçue par certains observateurs comme un symbole de réconciliation nationale. Elle intervient alors que le pouvoir exécutif bascule entre les mains du président du Conseil des ministres, un poste nouvellement créé et confié à Faure Essozimna Gnassingbé. Président de la République depuis 2005, ce dernier conserve l’essentiel des leviers du pouvoir dans la nouvelle configuration institutionnelle.
Le changement de régime suscite des réactions contrastées. Tandis que certains saluent une ouverture démocratique, d’autres dénoncent une stratégie visant à maintenir le pouvoir entre les mains de l’élite actuelle, malgré l’évolution des structures.
Quoi qu’il en soit, le Togo entre dans une phase politique inédite. L’équilibre entre fonctions symboliques et pouvoirs réels, la dynamique parlementaire, ainsi que la cohabitation entre anciens et nouveaux visages du pouvoir feront l’objet d’une attention particulière, tant à l’échelle nationale qu’internationale.