Révision de la Constitution : « À CHAQUE NUIT, SUFFIT SA Peine »

Révision de la Constitution :  « À CHAQUE NUIT, SUFFIT SA Peine »

À CHAQUE NUIT, SUFFIT SA PEINE

Long feu pour la nouvelle proposition de réforme de la Constitution béninoise que le régime Talon a tenté de faire valider par l’Assemblée nationale. C’était la quatrième tentative de réforme constitutionnelle en huit ans, émanant des mêmes individus. À l’inverse de la nuit du 31 octobre 2019, la mule qui transportait le colis radioactif a été intercepté à la frontière.

Avec l’échec de Assan Seibou et de ses acolytes, le retour de l’opposition au parlement – au bout de quatre années d’une législature infecte – projette un premier aperçu de son utilité. Certes, sept députés des formations politiques siamoises de M. Talon ont eux-aussi retoqué l’initiative révisionniste, deux se sont abstenus et un s’est absenté. L’œuvre aurait quand même poursuivi le chemin qui lui était tracé si les 28 parlementaires du parti Les Démocrates ne siégeaient pas au Palais des Gouverneurs. À eux seuls, ils étaient en capacité de faire barrage à la réforme. Cela souligné, reprenons vite nos esprits. Le danger n’est pas conjuré. Il est loin de l’être. Dissimulé au départ dans la serviette d’Assan Seibou, il s’est faufilé la nuit dernière dans les bagages d’une autre mule qui, elle, a de réelles chances de faire passer son produit toxique, à moins que Aké Natondé se mette dès aujourd’hui à détricoter lui-même la proposition de loi modificative du code électoral dont il est le porteur. C’est à cette condition, indépendamment des aléas politiques, qu’il pourrait être envisagé pour ce texte, une fin similaire à l’échec de la révision constitutionnelle. Là où il fallait 3/4 des députés pour prendre en considération le texte de retouche de la loi fondamentale ou leur 4/5è pour l’acter, la loi électorale ne requiert que la majorité simple des 109 parlementaires pour être approuvée, soit beaucoup moins que les 71 révisionnistes d’hier. Pour rejeter la chirurgie que préconise Natondé Aké, il ne faudra pas juste sept députés de la majorité qui tirent dans leur camp. Il doit y en avoir vingt en plus, dans l’hypothèse que le vote négatif des 28 élus du parti Les Démocrates est acquis. L’affaire n’est donc pas dans le sac et je suis réaliste. Réaliste mais pas défaitiste. Ceci me pousse à énumérer, pour une énième fois, les éléments de fausseté et de toxicité du remède Aké avec l’infime espoir qu’ils sauront titiller la conscience de ses collègues légitimistes.

  • La fausseté

Petit rappel : la proposition de loi modificative du code électoral endossé par M. Aké investit les maires et députés à élire en janvier 2026 de la prérogative de parrainage des candidats à la présidentielle d’avril 2026. En véhiculant ce chamboulement, la proposition de loi viole la DCC 24-001 du 4 janvier 2024 dans laquelle la Cour constitutionnelle indique explicitement qu’en 2026, les députés actuels seront tout légitimes à parrainer des candidats à la présidentielle. Les ajustements à opérer ne concernent que les maires. Députés et maires n’appartiennent pas à la même catégorie d’élus ni n’exercent les mêmes fonctions politiques. L’argumentaire déployé sur la légitimité politique par le président de la République et reproduit à l’envi par ses obligés ne tient pas la route. La légitimité politique de l’élu est matérialisée par son mandat politique. La durée de sa légitimité est consubstantielle à la durée de son mandat. Son mandat ne s’achève qu’à l’entrée en fonction de son successeur. C’est écrit dans nos chartes.
Au demeurant, quelle légitimité les gens qui nous gouvernent ont-ils jamais promue dans ce Bénin ? De quelle légitimité s’étaient parés les députés de la législature 2019-2023 dont certains ont siégé sans avoir été élus ? Des contrées entières n’ont pu abriter le vote, d’où des candidats à la députation sont pourtant allés s’asseoir sur les bancs de l’hémicycle et, durant quatre ans, nous ont pondu des horreurs.
Les maires qui dirigent des villes dans lesquelles ils ont pourtant été laminés aux élections communales et locales disposent de quelle légitimité venant du peuple ? Les maires nommés par leurs partis politiques, qui ne sont pas élus en assemblée générale, peuvent se targuer de quelle légitimité ? Ceux qui ont orchestré les absurdités que je remémore ci-dessus ont quelle légitimité à parler de légitimité ?

La modification qu’ils prônent du Code électoral ne rime à strictement rien d’intérêt commun. C’est une commande de nature personnelle. Courant sous le régime Talon!

  • De la toxicité

L’adoption en l’état de la proposition de loi de M. Aké soumettra notre pays à de fâcheuses éventualités qui ne nous sont pas si inconnues. La première éventualité est que le pouvoir Talon tripatouille tellement les résultats des scrutins législatifs et communaux de 2026 qu’à la fin, Les Démocrates, principal parti de l’opposition, ne réunissent pas un nombre suffisant d’élus pour parrainer un présidentiable. Deuxième éventualité : par ses fourberies habituelles, il empêche carrément Les Démocrates de participer aux élections. Du déjà vu, là aussi. Il n’hésitera pas à renvoyer sa soldatesque dans la rue mater à balles réelles les foules contestataires. La troisième éventualité découle de la deuxième. Une fois qu’il aura à nouveau privatisé le parlement, il remettra la réforme de la réforme constitutionnelle sur le tapis. Ce fut exactement ainsi qu’il avait procédé en 2019 après l’échec de la tentative de révision en 2018. Et comme cinq ans plus tôt, ça passera nuitamment et clando tel papa ningbo chez son deuxième bureau. On ne jurera alors plus de rien.

Vous qui êtes au service de Patrice Talon aujourd’hui, vous pouvez ne plus être dans ses plans demain. Quoi qu’il vous ait promis, vous n’avez aucune assurance de l’avoir. Votre réélection ou un poste de ministre-conseiller par exemple ? Garantie zéro qu’il ne vous boutera pas dehors après que vous aurez satisfait ses envies. Même à supposer qu’en bon boulanger, il vous ait filé beaucoup de blé, il serait capable de vous le reprendre avant que vous parveniez au premier moulin.

Votre salut est dans vos couilles. Portez-les quoiqu’elles vous pèsent!

À CHAQUE NUIT, SUFFIT SA PEINE

Deo Gracias KINDOHO

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