France : l’Assemblée nationale vote la suspension de la réforme des retraites

France : l’Assemblée nationale vote la suspension de la réforme des retraites

Les députés ont adopté, mercredi 12 novembre, la suspension de la réforme des retraites de 2023. Une décision à forte portée politique, inscrite dans le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, et approuvée par 255 voix contre 146.

Adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale, la suspension de la réforme des retraites marque un tournant dans les débats budgétaires de la majorité. Soutenue par le Parti socialiste, les écologistes et le Rassemblement national, la mesure a bénéficié de l’abstention du groupe Renaissance. Les députés de La France insoumise et du Parti communiste, eux, ont voté contre, dénonçant un « simple décalage » de la mise en œuvre d’un texte qu’ils continuent de rejeter.

Des divisions dans tous les camps politiques

« Voter pour le décalage de la réforme, c’est voter pour la retraite à 64 ans. Les insoumis ne valideront jamais par leur vote les deux années de vie volées au peuple », a lancé Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, dans l’hémicycle.

À droite, la suspension n’a pas davantage trouvé d’écho. Le groupe Droite républicaine a voté contre, tout comme Les Républicains, dont le président Bruno Retailleau a dénoncé une « capitulation ». Le chef de file de LR a accusé le gouvernement de « lâcheté » et d’avoir cédé au « diktat du Parti socialiste », estimant que cette décision « sacrifie l’avenir des jeunes générations sur l’autel de la survie politique ».

Dans le camp présidentiel, le ton est plus mesuré. Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République, a justifié l’abstention des députés Renaissance : « Nous ne voulons pas nous mettre en travers du compromis conclu entre Sébastien Lecornu et les socialistes. »

Un compromis politique majeur

Pour le gouvernement, la suspension de la réforme constitue une concession essentielle faite au Parti socialiste afin d’éviter un vote de censure et garantir l’adoption du budget de la Sécurité sociale.

Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a salué « une victoire importante » et « une étape décisive » vers une future abrogation du texte si la gauche revient au pouvoir. « Le totem de la macronie a vacillé », a-t-il souligné, prédisant que la question des retraites serait « au cœur de la présidentielle de 2027 ».

Le Rassemblement national, farouche opposant de longue date à la réforme, a lui aussi voté pour la suspension, voyant dans cette décision un signal favorable à ceux qui réclamaient depuis deux ans l’annulation du passage de l’âge de départ à 64 ans.

Rejet du gel des retraites et des minima sociaux

Dans la même soirée, les députés ont également rejeté une autre mesure controversée du projet de budget : le gel des pensions de retraite et des minima sociaux. Par 308 voix contre 99, l’Assemblée nationale a supprimé cette disposition, pourtant défendue par le gouvernement comme un levier d’économie.

La version initiale du texte prévoyait un gel des retraites de base et de certaines prestations sociales, notamment les allocations familiales, dès 2026. L’essentiel de la gauche, les députés du RN-UDR et ceux de LR se sont unis pour effacer la mesure du projet.

Cette double décision – suspension de la réforme des retraites et rejet du gel des pensions – vient bouleverser l’équilibre voulu par l’exécutif et souligne la fragilité politique du gouvernement de Sébastien Lecornu, confronté à une majorité relative et à des alliances de circonstance.

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