Union européenne: Vives réactions après les sanctions de Donald Trump contre Thierry Breton
L’annonce par l’administration du président américain Donald Trump d’une interdiction de séjour aux États-Unis visant Thierry Breton, ancien commissaire européen chargé du marché intérieur, ainsi que quatre autres personnalités européennes, a suscité une vague de réactions officielles et politiques à travers l’Union européenne. Cette sanction, imposée au nom de la lutte contre ce que Washington qualifie de « censure » numérique, est perçue par de nombreux dirigeants européens comme une atteinte à leur souveraineté réglementaire.
Dans un communiqué, la Commission européenne « condamne fermement » la décision américaine et a demandé des éclaircissements aux autorités de Washington, indiquant qu’elle resterait prête à « répondre rapidement et de manière décisive pour défendre notre autonomie réglementaire face à des mesures injustifiées ». La Commission a rappelé que les règles numériques européennes visent à garantir un espace numérique « juste et sûr », appliquées de manière non discriminatoire.
Sur les réseaux sociaux, le président français Emmanuel Macron a dénoncé une mesure d’« intimidation et de coercition » visant à fragiliser la souveraineté numérique de l’Europe. Il a assuré que la France et l’Union défendront résolument leur autonomie réglementaire dans le domaine du numérique.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, affirmant que la loi européenne sur les services numériques (Digital Services Act, DSA) avait été adoptée démocratiquement et qu’elle ne s’étendait pas à l’extraterritorialité ni ne visait les États-Unis. « Les peuples d’Europe sont libres et souverains et ne peuvent laisser d’autres imposer les règles qui régissent leur espace numérique », a-t-il écrit.
Du côté de Berlin, le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul a jugé ces restrictions de visa « inacceptables » et a souligné que le DSA avait été adopté pour l’Union européenne dans l’Union européenne, sans effet extraterritorial.
Même des gouvernements comme celui de l’Espagne ont exprimé leur opposition, estimant qu’un espace numérique sûr, exempt de contenus illégaux et de désinformation, constitue une valeur fondamentale de la démocratie européenne et une responsabilité collective.
Sur le plan parlementaire, des voix européennes ont également réagi. L’eurodéputée Nathalie Loiseau a affirmé que derrière cette mesure se joue « la souveraineté des Européens à décider de leurs lois et à les faire appliquer ». Des responsables politiques, comme Raphaël Glucksmann, ont quant à eux dénoncé une tentative de pression externe, affirmant que l’Europe doit défendre ses lois, ses principes et ses intérêts face à ce qu’ils considèrent comme une action scandaleuse.
Face à ces réactions, Thierry Breton lui-même a qualifié la mesure de « chasse aux sorcières » et a rappelé que la réglementation européenne avait été adoptée à l’unanimité par les 27 États membres et une large majorité du Parlement européen. « A nos amis américains : la censure n’est pas là où vous le pensez », a-t-il écrit sur le réseau social X.
Dans l’ensemble, ces réactions traduisent une condamnation quasi unanime en Europe, vue comme une remise en cause des processus démocratiques et une atteinte à la capacité des Européens à définir leur propre cadre réglementaire dans le domaine numérique. Elles soulignent également une volonté ferme de faire respecter une autonomie stratégique dans un contexte de tensions croissantes entre Bruxelles et Washington.

