Enquête pour corruption : perquisitions chez la ministre française de la culture Rachida Dati
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, est de nouveau rattrapée par un dossier judiciaire sensible. Ce jeudi 18 décembre, plusieurs perquisitions ont été menées à Paris à son domicile, dans ses anciens bureaux de la mairie du 7ᵉ arrondissement ainsi qu’au ministère de la Culture. L’opération a été conduite par des enquêteurs spécialisés dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière, dans le cadre d’une enquête pilotée par le Parquet national financier (PNF).
Ces perquisitions visent à éclaircir de possibles flux financiers entre Rachida Dati et le groupe énergétique GDF Suez — devenu Engie — sur la période 2010-2011, alors qu’elle siégeait au Parlement européen. Un soupçon ancien, mais jamais refermé, que l’intéressée a toujours contesté.
Une enquête aux chefs d’accusation lourds
Dans un communiqué, le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, a précisé que l’enquête ouverte à la mi-octobre porte notamment sur des faits présumés de corruption active et passive, trafic d’influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment, en lien avec l’exercice du mandat de députée européenne de Rachida Dati.
Au cœur des investigations : les activités d’avocate qu’elle exerçait parallèlement à son mandat européen. Selon les éléments examinés par la justice, son cabinet aurait perçu 299 000 euros, un montant strictement identique à celui versé par GDF Suez au même cabinet durant la même période
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Des soupçons de contreparties politiques à Bruxelles
Les enquêteurs cherchent également à déterminer si ces rémunérations auraient pu constituer la contrepartie d’un travail législatif favorable au secteur gazier mené par Rachida Dati au Parlement européen. À Bruxelles, l’élue s’était alors fortement impliquée dans des dossiers liés à l’énergie, alimentant les soupçons d’un possible conflit d’intérêts.
Les premiers doutes sérieux émergent en 2020, lorsque des éléments matériels attirent l’attention des magistrats du PNF. Rachida Dati fait alors déjà l’objet d’une autre procédure judiciaire : l’affaire Carlos Ghosn-Renault, dans laquelle elle est mise en examen pour des soupçons de perception de fonds via une filiale du groupe automobile durant son mandat européen.
Des cahiers de notes au centre du dossier
Un élément jugé déterminant dans le dossier concerne des références explicites à GDF Suez retrouvées dans les cahiers de notes de l’assistante de Rachida Dati. Entendue par les magistrats, la ministre a nié tout lien financier ou contractuel avec le groupe énergétique. Une version qui a toutefois été fragilisée par plusieurs enquêtes journalistiques, notamment celles de Complément d’enquête sur France 2 et du Nouvel Obs, qui ont poursuivi leurs propres investigations.
Contacté par l’Agence France-Presse, Me Olivier Pardo, l’un des avocats de Rachida Dati, a refusé de commenter les perquisitions. Les autres conseils de la ministre n’ont pas réagi à ce stade.
Ces nouvelles opérations judiciaires interviennent dans un contexte politique délicat pour Rachida Dati, également candidate déclarée à la mairie de Paris, et relancent un dossier qui pèse depuis plus de dix ans sur son parcours public. L’enquête se poursuit.

