Guinée-Bissau : la femme d’Umaro Sissoco Embalo mise en examen au Portugal
La justice portugaise a mis en examen Dinisia Reis Embalo, épouse de l’ancien président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, pour des soupçons de contrebande et de blanchiment de capitaux. L’information a été confirmée mardi 16 décembre par la police judiciaire portugaise, qui précise que la mise en cause s’inscrit dans le cadre d’une enquête en cours menée à Lisbonne.
Tout est parti d’une dénonciation anonyme qui concernait un autre passager d’un jet privé en provenance de Bissau. Il s’appelle Tito Fernandes et il est le chef de protocole du président renversé Umaro Sissoco Emballo.
Il transportait cinq millions d’euros en espèces et il est soupçonné par la police de contrebande et blanchiment de capitaux. Tito Fernandes a été arrêté à l’arrivée du vol à l’aéroport militaire de Lisbonne mais remis en liberté depuis. L’argent a été saisi.
La mise en examen de Dinisia Reis Embalo est liée à cette arrestation, selon la police judiciaire portugaise. L’ex-première dame était dans le même avion, qui avait pour destination finale Dubaï, selon l’agence de presse portugaise Lusa.
Les enquêteurs soupçonnent l’existence d’un circuit de transfert et de dissimulation de fonds d’origine illicite, impliquant des mouvements transfrontaliers de capitaux.
La police judiciaire n’a pas communiqué de détails sur les montants en cause ni sur la nature précise des biens ou des flux financiers visés par l’enquête, invoquant le secret de l’instruction. Elle a toutefois indiqué que les investigations portent sur des faits susceptibles de constituer des infractions graves au regard du droit pénal portugais, notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et la criminalité financière organisée.
Cette affaire intervient dans un contexte politique particulièrement sensible pour la Guinée-Bissau. Umaro Sissoco Embalo, dont l’épouse est aujourd’hui visée par la justice portugaise, a récemment été écarté du pouvoir à la suite d’une crise institutionnelle majeure. La situation politique du pays demeure instable, marquée par des tensions récurrentes entre les institutions et des accusations de dérives autoritaires au sommet de l’État.
Du côté de la défense, aucune réaction officielle n’a, pour l’heure, été rendue publique. Les proches de Dinisia Reis Embalo n’ont pas souhaité commenter la procédure judiciaire en cours, tandis que les autorités bissau-guinéennes gardent le silence sur cette mise en examen qui concerne une figure proche de l’ancien chef de l’État.
Au Portugal, les services judiciaires rappellent que la mise en examen ne vaut pas condamnation et que la présomption d’innocence s’applique tant que la culpabilité n’a pas été établie par un tribunal. L’enquête se poursuit afin de déterminer les responsabilités exactes des personnes impliquées et d’éventuels liens avec d’autres réseaux ou circuits financiers internationaux.
Cette procédure judiciaire, suivie de près à Bissau comme à Lisbonne, pourrait avoir des répercussions politiques et diplomatiques, alors que la Guinée-Bissau tente de retrouver une certaine stabilité institutionnelle après plusieurs années de turbulences.


