Intelligence artificielle: la Chine veut rivaliser avec les États-Unis dans la production de processeurs

Intelligence artificielle: la Chine veut rivaliser avec les États-Unis dans la production de processeurs

L’entreprise chinoise Moore Threads a créé la surprise ce vendredi 5 décembre à la Bourse de Shanghai. À peine introduite, son action a bondi de 426 % en quelques heures, confirmant l’enthousiasme massif des investisseurs pour ce jeune acteur des semi-conducteurs qui ambitionne de rivaliser avec l’Américain Nvidia.

Une stratégie nationale pour l’autonomie technologique

Au cœur des ambitions chinoises en intelligence artificielle, les processeurs sont devenus un enjeu de souveraineté. Longtemps dominée par les fabricants américains, la production de semi-conducteurs s’accélère désormais en Chine, portée par une multiplication de nouvelles entreprises spécialisées.

Fondée par un ancien responsable de Nvidia en Chine, Moore Threads a levé plus d’un milliard de dollars dès son premier jour de cotation. La demande a explosé, atteignant un niveau 4 000 fois supérieur à l’offre d’actions. Selon Stéphane Roder, président du cabinet AI Builders, cette dynamique s’inscrit dans une volonté politique claire : « Le Parti communiste chinois a décidé de faire émerger des champions nationaux. En développant ses propres puces, la Chine veut atteindre une autonomie totale dans le calcul pour l’IA. »

Même si les processeurs de Moore Threads restent moins puissants que les modèles Nvidia, l’expert rappelle que la Chine avance rapidement : « Ils ont compris que fabriquer des puces était à leur portée. En multipliant les processeurs au sein de clusters, ils peuvent atteindre la puissance nécessaire. »

Vers une intelligence artificielle intégralement chinoise

L’un des objectifs affichés par Moore Threads est de permettre au pays de développer ses propres modèles de langage, comme ceux créés aux États-Unis ou en Europe. L’entreprise s’inscrit dans un écosystème émergent d’acteurs travaillant sur des GPU conçus et produits localement.

Pour Rui Ma, fondatrice de la newsletter TechBuzz China, Moore Threads est un acteur clé mais non dominant : « Il s’agit d’un membre important du petit groupe de fabricants chinois de GPU, mais Cambricon reste le leader incontesté, notamment avec la forte progression de son titre cette année. »

L’accélération de cette industrie est largement due aux restrictions imposées par Washington. L’administration américaine a interdit l’exportation de processeurs performants vers Pékin, par crainte d’un usage militaire. Pour Stéphane Roder, cette décision a eu l’effet inverse : « En bloquant l’accès aux puces américaines, les États-Unis ont poussé la Chine à développer sa propre filière. Elle qui était dépendante s’est mise à investir massivement. »

Les États-Unis gardent une longueur d’avance… pour l’instant

Malgré cette montée en puissance, les spécialistes estiment que les fabricants chinois ne rattraperont pas Nvidia d’ici la fin de la décennie. Plusieurs défis technologiques persistent : conception de mémoires haut débit, assemblage complexe des processeurs d’IA, modernisation des équipements de fabrication de pointe.

Cependant, la Chine reste le premier marché mondial de processeurs. Cette demande intérieure colossale pourrait offrir aux entreprises nationales les moyens d’investir des budgets considérables en recherche et développement, un levier essentiel pour combler progressivement leur retard.

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